Bonne année à toutes et tous
(❁´◡`❁)
Nous vous souhaitons plein de belles découvertes littéraires.
Voici le troisième tome de la série familiale de Pierre Lemaitre qui va nous faire de nouveau voyager. Après Saigon dans « Le grand Monde » nous allons visiter, dans une bonne partie du roman, la ville de Prague, en pleine période de guerre Froide, ce qui laisse augurer quelques sueurs du même type. Pas de surprise, la famille Pelletier va donc connaître de nouvelles aventures mouvementées qui vont nous pousser à tourner les pages encore et encore.
Et tout le monde est là. Que ce soit du côté des patriarches de la famille, Louis et Angèle qui rentrés en métropole endossent le rôle de grands-parents que l’âge commence à titiller. Bien entendu, l’inénarrable Geneviève leur belle fille est toujours de la partie avec Bouboule qui va peut-être voir sa carrière décoller (enfin). C’est François surtout qui va devenir le personnage central de ce nouveau titre, qui flirt avec le roman d’espionnage, la période (fin des années 50) étant propice à la lutte des idées entre le bloc communiste à l’ouverture au monde plus que limité et l’occident qui commence tout juste à se vautrer dans la consommation débridée de la période des trente glorieuses.
Un avenir radieux est très certainement le tome de la série le plus orienté sur l’action, tout en continuant à développer une approche psychologique forte. Le personnage de Colette par exemple, fille souffre-douleur de Jean et surtout de Geneviève, apporte une approche et des réflexions très actuelles sur la condition féminine et son émancipation qui n’en est qu’à son balbutiement.
Un roman attendu, dans lequel il est agréable de plonger, pour y retrouver comme des vieux amis qu’on aurait perdu de vue, et qui nous reviennent comme si on ne les avait jamais quittés, tant le talent de Pierre Lemaitre à créer des personnages attachants, malgré les côtés plus que repoussant de certains, est grand.
Calman Levy – 23.90 euros
Parution le 21 janvier 2025
A la fin de la seconde guerre mondiale, la Finlande paye chèrement ses prises de position, en s'étant alliée à l'Allemagne contre la Russie. Elle a perdu une partie non négligeable de son territoire en faveur du bloc soviétique et paye des réparations élevées Alliés.
C'est dans ce contexte que débarquent Arnie, américain d'origine finlandaise s'étant illustré pendant la guerre et sa femme, Louise, américaine pur jus, naïve mais entièrement dévouée à son mari et à la mission qui les attend sur place, à savoir le renseignement. Il n'y a plus d'ambassade américaine en Finlande mais une délégation qui oeuvre dans le feutré pour éviter que le pays tout entier bascule dans le giron de la grande URSS.
Lors d'une soirée diplomatique, Louise fait la connaissance de Natalya et de son mari Mikhail; malgré les conseils de prudence qu'ils ont dû intégrer aux Etats Unis lors de leur (trop) courte formation, une amitié semble naître entre les jeunes femmes. Leurs maris, que leurs vécus de soldats et quelques rasades d'alcool rapprochent, se lancent un défi sportif. Sans réfléchir aux conséquences d'un "combat" qui sera perçu comme celui de l'Occident contre la Russie soviétique, ils prévoient une course de ski de fond d'une dizaine de jours dans le Grand Nord. Et malheureusement, au lieu de rester discrète, Louise pense tirer profit de cette course pour son oeuvre caritative : trouver des fonds pour subvenir aux besoins d'un orphelinat. Au grand dam de Natalya qui elle, a bien compris le danger, en ce début de guerre froide, si son mari venait à perdre.
Que peuvent faire les deux femmes pour éviter la tragédie qui s'annonce tout en ménageant l'âme de soldat de leurs hommes qui de toute façon, sont presque introuvables dans l'immensité enneigée qu'ils traversent, chacun suivant son propre parcours jusqu'au point d'arrivée?
Quel plaisir de retrouver Karl Marlantes après son inoubliable roman "Faire bientôt éclater la terre" et son héroïne Aïno qui avait émigré aux Etats Unis au début du XXème siècle, à qui l'auteur fait un petit clin d'oeil dans ce nouveau roman.
Fresque historique et récit d'aventure, il nous plonge dans une période peu connue et glaçante de l'histoire de ce pays défendu avec courage par des habitants malmenés par les guerres. L'exercice diplomatique, la place des femmes dans les relations internationales, les dérives terribles du communisme, le tout plongé dans l'hiver finlandais et vous obtenez tous les ingrédients d'une lecture addictive.
Calmann Levy - 23.90 euros
Parution 2 janvier
Quand un grain de sable fait dérailler toute la machine! Bon, il s'agit tout de même d'un gros grain puisque c'est le chat qui s'est fait essorer dans la machine à laver; il n'a pas aimé, la machine non plus. En plus, c'est un jour important pour Freddie: son fils Lior a 18 ans aujourd'hui, il s'agit de faire les choses bien, qu'il soit content et fier de sa mère qui se démène au quotidien pour joindre les deux bouts. Pas facile car elle ne travaille pas mais demain c'est sûr elle va se présenter à Pôle Emploi. Pour se donner du courage, en cuisinant et rangeant l'appartement où elle rêve sa vie devant l'écran de sa télé, elle boit un petit verre en attendant son gosse qui a décidément de bien mauvaises fréquentations, une petite amie pas du tout à son goût... Pourtant, ils essayent tous les deux de se comprendre, ont régulièrement rendez-vous chez la psy. Freddie fait des efforts, beaucoup d'efforts, il faut que Lior s'en rende compte et y mette un peu du sien.
Dans ce roman divisé en deux parties, on découvre d'abord le point de vue de Freddie, la mère en guerre contre le monde entier, la famille, les voisins, les vendeuses, bref une plongée dans les pensées débordantes et les sentiments d'un personnage à la fois violent et troublant, déchirée entre envie de bien faire et flemme monumentale. La deuxième partie nous entraîne dans le quotidien de Lior, jeune homme lucide et désarmé face à une mère en perpétuel mouvement, instable, aux sentiments démesurés et en recherche d'amour inconditionnel.
Peu à peu, la situation s'envenime, Freddie dérape de plus en plus et le lecteur se doute qu'un drame terrible va être déclenché : mais est-ce que tout cela ne serait pas finalement qu'un accident?
Nous voilà bousculés par cette lecture qui commence comme une mauvaise farce et qui, peu à peu, nous fait partager l'intimité de personnages aux prises avec un quotidien écrasant et somme toute banal. Ce pourrait être l'histoire de nos voisins, de nos proches ou même la nôtre, l'histoire de gens ordinaires que la vie fracasse et qui ne trouvent que bien peu d'aide si ce n'est la très proche famille.
Un roman au suspens d'une parfaite efficacité, servi par une écriture dont la sobriété souligne la terrible banalité.
Et vous penserez bien à vérifier le tambour de votre lave-linge!
Editions du Panseur - 18,50 euros
Parution 9 janvier
Roman ado mais pas que.
Une fois n'est pas coutume, nous vous parlons ici de la rentrée littéraire d'hiver pour les ados, pour la bonne raison que le roman de Florence Hinckel a également, à notre avis, sa place en adulte.
Rappelez vous le conte de Hans Christian Andersen : les cygnes sauvages,dans lequel la princesse Élisa, a été chassée du royaume par son affreuse belle-mère. Elle doit retrouver ses onze frères transformés en cygnes et les délivrer du mauvais sort que la marâtre leur a jeté. Pour cela, elle doit rester muette jusqu'à ce qu'elle ait fini de tresser onze cottes de mailles avec des orties. Voici que l'autrice s'en empare pour raconter une toute autre histoire. Car pourquoi le monde décrit dans les contes est peuplé de femmes muettes, sacrificielles et qui ne vivent qu'au travers des hommes? Ou de sorcières méchantes et laides? Et si Andersen n'avait pas retranscrit correctement les histoires qu'on lui a confiées comme il a caché sa propre vérité?
C'est une approche résolument moderne que nous propose Florence Hinckel grâce à une écriture vive et à des personnages féminins forts et qui le font savoir.
En alternant les points de vue des différents personnages, une toute autre lecture des contes s'offre à nous, lecteurs lectrices, en espérant transmettre désormais une vision plus équilibrée des rôles masculins et féminins.
Ecole des loisirs collection Médium - 16 euros
Parution 12 février
Le mot de l'éditrice: « Marente de Moor nous amène au coeur des ténèbres de la forêt russe pour nous faire traverser la conscience d’une femme en colère et nous dévoiler son sombre secret. Un roman d’une puissance imaginaire rare, impossible à lâcher. »
C'est effectivement un roman ensorcelant et fascinant que nous donne à lire Marente De Moor. Quelque part à l'Ouest de la Russie, dans une petite ville complètement abandonnée à la lisière d'une forêt magnifique, vivent Lev et Nadia. Ils vivent ici depuis longtemps, en tant que biologistes qui avaient installé un laboratoire et un sanctuaire pour oursons orphelins. Mais les étudiants et les bénévoles ont déserté le lieu et la nature se fait de plus en plus envahissante. Les bâtiments tombent en ruines; Nadia maintient tant bien que mal un semblant d'ordre dans leur maison. Lev, plus âgé, perd quelque peu la tête et le poids des non-dits et des sacrifices commencent à peser lourds dans leur relation. Elle s'échappe auprès de ses animaux, en ayant l'impression qu'eux aussi la juge mais au moins ils lui "parlent". Elle attends le passage du train de marchandises, imaginant des conversations avec le machiniste.
Par petite touches, l'autrice dévoile peu à peu l'histoire de cette femme, de ses combats quotidiens, de ses enfants. Engluée dans une vie qu'elle subit, le lecteur subit avec elle les tracas et bientôt, se dessine une tragédie dont on perçoit les répercussions sur la psyché de Nadia.
"Les Grands Bruits est un jeu psychologique saisissant et un hommage sublime à la puissance de l’imaginaire."
Les Argonautes - 22.80 euros
Parution le 10 janvier 2025
Après son inoubliable premier roman "Cordillera" , Delphine Grouès nous offre à nouveau une escapade dans les grands espaces de la cordillère des Andes, plus au sud, en Patagonie. On suit le personnage de Valentina qui a terminé ses études de médecine (si vous n'avez pas lu Cordillera, pas de souci, ce roman est indépendant, n'empêche, lisez Cordillera, c'est un enchantement!): dans les années 50 et contre les éléments et sa "condition de femme", elle a choisi de prodiguer ses soins auprès des bûcherons, mineurs... dans des lieux où la nature n'offre que des conditions extrêmes.
L'autrice alterne les chapitres avec l'histoire d'un jeune français en 1998, qui découvre, à la mort de sa mère, le secret (en partie) de ses origines. L'une brave le monde sauvage, les oppositions politiques, la misogynie, l'anéantissement des peuples premiers, l'autre débarque en Amérique du sud à la recherche de ses racines.
On retrouvera avec bonheur la plume évocatrice de Delphine Grouès : le personnage de Luis, perdu dans cet arbre généalogique qu'on lui a caché et qui s'incarne enfin quand le vent de la pampa lui rend son identité; Valentina que rien ne semble effrayer mais que les atteintes à l'environnement, aux humains, aux animaux, font prédire un bien triste avenir.
La Pachamama ne semble plus guider les hommes vers la sagesse et la sobriété.
Cherche Midi collection Les passe-murailles - 20,90 euros
Parution 9 janvier
Voici un roman atypique dans lequel de nombreux dessins sont intégrés dans la narration. Ils tiennent une place importante dans cette histoire qui débute avec un jeune étudiant se prenant de passion pour un ancien blog dans lequel le créateur expose sa vie et notamment la future naissance de son enfant.
Trois dessins notamment sont postés , paraissant tout à fait classiques pour accompagner les propos du créateur et pourtant...le dernier message du blog est le suivant :"aujourd'hui, je vais cesser d'alimenter ce blog. Pourquoi? parceque j'ai percé le secret de ces trois dessins. Je ne pourrai jamais comprendre les souffrances que tu as endurées (...) je ne peux pas te pardonner".
Le reste du roman est alors une succession de personnages qui vont essayer de comprendre la signification de ces dessins, mais aussi d'autres, et vont subir une histoire solide, effrayante par de nombreux aspects et surtout très intelligement menée.
Un thriller japonais étonnant et mystérieux, tout comme l'est Uketsu son auteur qui se distingue par son anonymat, apparaissant masqué lors de ses prestations publiques...
Une belle découverte pour un ouvrage qu'on lit d'une seule traite.
Seuil - 19.90 euros
Roman court mais au contenu intense. Maintes fois abordé, que se passe-t-il à la disparition d’un être ? Du côté de vivants, on assiste à la fameuse période de deuil, avec ses étapes, ses passages à vide, ses rechutes. Mais quand on se place du côté du défunt, que peut on ressentir et percevoir sur la minute, l’heure, la semaine, le mois, l’année, et toute la vie de ceux qui restent ?
Dans Après, le narrateur est justement celui qui vient de disparaître et dont on va voir la famille évoluer après son décès. Il va donc nous emmener vers les grandes réflexions sur le deuil mais aussi sur le quotidien, celui qui reste, celui qui est imposé aux vivants et qui prend une teinte particulière vue de l’autre côté.
Un roman aux phrases courtes et simples, sans jérémiade ni apitoiement. La réalité brute traitée de manière sensible et humaine sur la souffrance et le temps qui s'écoule : « ça ne passe pas, ça s'espace ».
Le Tripode – 16 euros.
Parution le 16 janvier 2025
Voici la suite attendue du titre "Dans la forêt" paru en 1996. Eva et Nell survivent toujours dans un coin de nature, retirées de la civilisation et c'est donc Burl, le fils d'une des héroïnes qui s'exprime à la première personne dans ce nouveau roman.
On peut parler d'expression car ce dernier, vivant loin de tout autre être humain que "ses mères" a développé un vocabulaire et un phrasé qui peut être un peu déroutant au départ. Mais bien vite, on prend l'habitude au rythme et à la diction particulière pour s'apercevoir que contrairement à ses mères, Burl est attiré par le monde et souhaiterait rencontrer "des gens".
Cependant, Eva et Nell ne voient pas cette envie d'émancipation d'un très bon oeil, les expériences qu'elles ont connues auparavant ne leur laissant que peu d'espoir sur la nature humaine...et sur l'humanité qui subsiste.
Bien entendu, le quotidien de cette famille recroquevillée va être bouleversée...
On retrouve avec plaisir les personnages, 15 ans après les évènements de "Dans la forêt" et Jean Hegland nous interpelle sur un monde d'après, avec toujours ces interrogations sur le genre humain : y-a-t-il encore des bonnes personnes et même quand tout a été détruit, qui va triompher entre le mal et le bien?
Gallmeister - 23.90 euros, parution le 15 janvier 2025
Attention : le froid et la faim n'auront littéralement plus de secrets pour vous après la lecture de ce roman.
L'autrice nous entraîne à la suite d'une jeune fille, échappée d'une colonie anglaise dans un territoire qui deviendra les États-unis; nous sommes au tout début du XVIIème siècle. Dans sa course pour fuir un éventuel poursuivant, nous sommes au cœur de ses pensées et de son monologue intérieur : le bébé dont elle avait la garde alors qu'elle même n'est à peine plus qu'une enfant est mort dans ses bras, de faim et/ou de maladie comme la quasi totalité des colons venus s'installer sur une terre qu'on leur a promise pleine de richesses mais qui s'avère ingrate et que les autochtones défendent violemment.
Pour cette jeune fille, enfant trouvée dont le nom a varié en fonction de son âge et de l'intérêt que lui portait sa maîtresse, cette fuite est une rébellion, une désobéissance salvatrice. Les épreuves qu'elle va devoir traverser sont inimaginables tant la nature, qui plus est en hiver, ne donne que peu de répit aux êtres humains. Apprendre à se débrouiller, à se nourrir, à ne pas mourir de froid, à échapper aux prédateurs, à éviter tout contact avec les hommes, chaque étape, chaque sensation est décrite avec une poésie remarquable même dans les situations les plus cauchemardesques. Le corps devient le seul bien à sauvegarder et chaque "succès" une victoire sur la mort.
Roman d'aventures, fabuleux récit à la limite de l'hallucination d'une survivante ce texte est également une magnifique ode à la beauté sauvage d'une nature à jamais perdue. Haletant, captivant et sans pitié.
Éditions de l'Olivier - 23,50 euros
Parution 3 janvier
Cinq ans après la parution du "Consentement" , Vanessa Springora revient avec un roman tout aussi personnel. Car l'histoire qu'il narre commence justement en pleine promotion de son premier roman, moment compliqué au regard du sujet qu'elle abordait (l'emprise du romancier Gabriel Matzneff alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente).
Un coup de téléphone lui annonce la mort de son père avec qui elle avait coupé quasiment tout contact depuis de nombreuses années. La police lui demande de venir reconnaître le corps car il est décédé chez lui, seul et depuis plusieurs jours.
Comme il faut libérer l'appartement qu'il habitait d'abord avec sa mère, puis seul depuis la mort de celle-ci, l'autrice s'arme de courage et d'autant de sacs poubelle pour vider le taudis que le petit deux-pièces était devenu.
Les découvertes qu'elle va faire vont bousculer le peu de certitudes qu'elle avait sur cet homme. Des photos porno d'hommes, son père était-il homosexuel? Et puis une photo qui est pour l'autrice, un véritable électrochoc : celle de son grand-père, en 1944, qui arbore une tenue d'escrime portant à l'épaule un symbole nazi. "J'ai l'impression d'être entrée dans une dimension parallèle, de m'être perdue dans une fête foraine lugubre..." écrit Vanessa Springora en entamant son enquête sur ses origines familiales cachées. De qui est-elle la fille et la petite-fille? D'où vient ce patronyme de Springora qui est particulièrement rare?
Tout commence en Tchécoslovaquie, pays disparu aujourd'hui, pays découpé, que les guerres ont particulièrement bouleversé d'où est originaire Josef ce grand-père dont le portrait a bouleversé l'autrice qui se souvient pourtant de la douceur de cet homme quand elle était enfant, des rudiments de tchèque qu'il avait voulu lui inculquer. Un homme présenté comme un héros, un réfugié tchécoslovaque ayant déserté la Wehrmacht, arrivé en France pour fuir le stalinisme.
Ce récit-enquête mêle la grande et la petite histoire et Vanessa Springora excelle à rappeler l'ineptie du nazisme avec un humour qui semble vouloir allèger le sujet auquel elle s'atèle. Sujet qui va bien plus loin que la seule histoire de sa famille, c'est aussi une histoire de non-dits, de filiation et de réflexions sur la transmission du patronyme. Réflexion qui renvoit aux fantômes de l'Histoire qui, malheureusement, façonnent encore notre présent et éclaire les liens entre patriarcat et fascisme.
Grasset - 22 euros
Parution 2 janvier
Australie, 1901 : Miles Franklin, vingt ans, fille de fermiers du bush, parvient contre vents et marées à faire publier son premier roman, un texte remarquable d’insolence et de fougue, qui connaît un immense succès dans le monde anglo-saxon. Alors qu’elle cherche à garder l’anonymat sous un pseudonyme masculin, son identité est révélée et les préjugés misogynes de son époque la heurtent au plus profond.
C’est seule et sans le sou qu’elle s’embarque pour l’Amérique, où l’attend une vie de luttes au service des plus faibles et d’engagements féministes. Elle y noue mille amitiés avec des personnalités d’une stupéfiante modernité, et des amours tourmentés.
Mais jamais Miles Franklin n’abandonne sa passion d’écrire ni ne renonce à ses rêves.
Folle d’une liberté durement conquise, guidée par sa générosité et son sens de l’humour, elle connaîtra de multiples aventures à travers l’Europe, avant de retrouver sa terre natale et de tenir une formidable revanche, en jouant un dernier tour aux critiques qui disaient sa verve tarie et son génie disparu.
Miles Franklin est aujourd’hui l’écrivaine la plus célèbre des Antipodes. Durant ses quatre ans d’enquête, Alexandra Lapierre l’a suivie sur tous les théâtres de son exceptionnel destin.
Flammarion - 23 euros
Parution 22 janvier
Le bandeau de couverture du nouveau roman de Sophie de Baere, une photo d'enfant sur les genoux d'une femme dont le visage a été déchiré, ne cache pas que le thème abordé sera la filiation. Et effectivement, quand Colette revient dans le Morvan qui l'a vu naître après de nombreuses années d'absence, elle a bien l'intention de lever le voile sur une histoire familiale compliquée et tabou.
Mais comme souvent, la vérité va bien plus loin que ce que Colette pouvait imaginer. La France rurale d'après guerre jusqu'à la fin des années 60 n'était pas un lieu d'épanouissement pour les femmes : soumises aux diktats du chef de famille, aux regards malveillants des villageois qui, par le qu'en dira-t-on, imposent aux filles leur conduite en validant ou non leurs amours, elles doivent faire preuve d'un courage et d'une volonté surhumaine quand leurs choix s'avèrent non conformes à la bienséance. Les maisons maternelles pour "filles-mères" sont là pour leur rappeler qu'elles ne disposent pas de leurs corps. Malgré les carcans, les passions éclosent et le vent de la révolte souffle pour Marthe, Colette et les autres. L'histoire des femmes n'a jamais été de tout repos!
Un roman touchant et sensible sur une époque pas si lointaine pendant laquelle les femmes étaient encore bien souvent réduites au silence. Silence qui par ricochet a franchi les générations et connaît encore aujourd'hui des répercussions douloureuses.
JC Lattès - 21,50 euros
Parution 5 février
Le corps d'une jeune femme, Paiotoka O'Connor, est retrouvé en haut d'une montagne à Nuku Hiva, dans l'archipel des Marquises. Le lieutenant de gendarmerie Tepano Morel, en poste à Tahiti, est envoyé sur place pour mener l'enquête. Secondé par Poerava Wong, qui connaissait bien la victime, Tepano découvre l'envers du décor paradisiaque, entre chômage endémique et violences intra-familiales.
Voilà le résumé rapide du nouveau polar de Marin Ledun. Mais les romans de l'auteur contiennent toujours bien plus que l'intrigue policière : après "Free Queens" qui nous plongeait dans l'immonde trafic d'êtres humains par l'industrie de la bière au Nigéria, nous voyageons jusqu'à Henua Ènana, la Terre des Hommes, véritable nom de l’archipel des Marquises. Si les images de cartes postales sont présentes, on va surtout découvrir toutes les problématiques d'une île soumise aux règles financières du tourisme, aux difficultés pour la jeunesse d'envisager un avenir sans quitter leur terre, aux traffics qui en découlent bref, une immersion complète dans l'univers des îliens bien loin, comme on peut le constater aujourd'hui avec Mayotte, des préoccupations de la France métropolitaine. La condition des femmes et les questions environnementales font aussi partie intégrante du scénario noir à souhait : on en redemande.
Gallimard série noire - 19 euros
Parution 13 février
La petite île de Makatea située en Polynésie française, est l’objet de toutes les convoitises, et son maire doit gérer une proposition particulière qui le met fortement dans l’embarras : l’installation d’une ville flottante, une prouesse technologique qui peut redorer le blason d’un site qui a connu de grandes heures lorsque le phosphate en était extrait. Mais depuis, l’ile est seulement habitée par une centaine de personnes et c’est par le biais d’un référendum que la population va devoir s’exprimer afin de savoir si son nombre va repartir à la hausse, ses infrastructures renaître et les dollars affluer. Mais aussi peser le pour et le contre sur l’impact non négligeable qu’aura le projet sur l’environnement (après que l’île ait déjà été fortement impactée (dévastée) par l’exploitation minière, sans parler des effets (nocifs) sur la santé des insulaires).
En parallèle, Todd Keane, un riche magnat de l’informatique, riche de millions de dollars raconte à sa plus proche compagne ce qu’a été sa vie et notamment ses jeunes années, avant de sauter dans le train en or de l’informatique, de l’internet et de sa future réussite. Une période où il côtoyait Rafi, un jeune noir issu d’une famille marquée par le destin et qui ne vivait lui que pour exceller, dans l’écriture et la poésie notamment. Tout d’eux s’adonnaient à l’époque aux jeux et notamment au Go, que l’on peut considérer comme une philosophie, tant les combinaisons et les stratégies dépassent l’entendement…au point de ne pas pouvoir être maîtrisé par un programme informatique ?
Enfin, il y Evelyne Beaulieu, qui petite fille a côtoyé le commandant Cousteau, expérimenté la plongée et qui depuis n’a pu vivre très loin de l’océan très longtemps. Une vie consacrée à l’étude, mais aussi à la contemplation d’un monde sous-marin riche de variété d’espèces et de coraux que l’intelligence humaine ne peut à peine envisager. Mais qui parvient tout même très bien à détruire…une vie de femme scientifique a une époque où il n’est pas bien vu de l’être, une vie qui nécessite aussi des sacrifices et dont sa famille a du faire l’expérimentation.
Après l’excellent Sidération qui abordait les traitements médicaux alternatifs, Richard Powers aborde dans son nouveau roman la situation cataclysmique de la planète et notamment de ses océans. Il s’intéresse également à l’impact de plus en plus important de l’informatique dans nos vies et de son effet non dénué de risque pour l’avenir de l’humanité. Cette humanité qu’il expose comme sous un microscope par le biais des relations amicales, amoureuses, sur fond de rivalité, de rancœurs qui peuplent son roman, peut être comme une métaphore sur la capacité de l’homme à vraiment exceller quand il est question de destruction…
Actes Sud – 23.80 euros.
Parution le 5 février 2025